Les secrets des viticulteurs bretons pour une viticulture sans pesticides chimiques

14/04/2025

Une viticulture bretonne en pleine renaissance

Contrairement aux grandes régions viticoles comme la Bourgogne ou la vallée du Rhône, la Bretagne n’avait plus de tradition viticole marquée depuis des siècles. Pourtant, au Moyen Âge, des vignobles foisonnaient dans des villes comme Nantes, Rennes ou Vannes — surtout pour produire des vins de messe ou de table. Mais avec le temps, et surtout des siècles de climat pas toujours propices, la vigne a disparu. Enfin, presque.

Depuis quelques décennies, des passionnés ont relancé l’idée d’une viticulture bretonne en s’appuyant sur des cépages robustes et adaptés aux particularités du climat d’ici. Avec des changements climatiques récents et une volonté croissante de consommer local, un nouveau souffle a été donné à cette filière encore confidentielle. Le point fort ? Un engagement massif vers le bio et le respect de l’environnement.

Des sols vivants pour une vigne bien protégée

La clef pour ne pas avoir recours aux pesticides chimiques réside en grande partie dans la qualité du sol. En Bretagne, les viticulteurs bio travaillent souvent avec des sols argileux ou granitiques, typiques de la région, qu’ils bichonnent à longueur d’année.

Les engrais verts, alliés naturels des sols

Les engrais verts, ce sont des plantes semées directement dans les vignes pour enrichir le sol. On parle de trèfle, de luzerne ou encore de féverole, autant d’espèces qui non seulement apportent de l’azote au sol, mais empêchent aussi les mauvaises herbes de proliférer. Les viticulteurs bretons utilisent fréquemment cette technique pour garantir des sols riches, vivants et équilibrés.

Les labours légers : la douceur avant tout

Contrairement aux pratiques intensives qui retournent les sols de manière agressive, les labours légers évitent de trop perturber la vie microbienne du sol. Cette approche est essentielle, car elle réduit l’érosion et favorise la microfaune, cruciale pour la santé de la vigne. Certains viticulteurs emploient même des chevaux pour labourer, minimisant ainsi l’empreinte écologique.

Une vigne robuste grâce à la biodiversité

La lutte contre les ravageurs est l’un des plus grands défis des viticulteurs bio. Mais en Bretagne, les viticulteurs ne s'arment pas de pesticides chimiques pour autant. Voici leurs secrets :

  • Les haies et les prairies fleuries : planter des haies autour des parcelles ou encourager les prairies fleuries permet d’abriter une faune utile. Coccinelles, oiseaux et microchauffeurs viennent naturellement réguler les populations d’insectes nuisibles.
  • Les nichoirs à chauve-souris : certaines exploitations installent des nichoirs dans leurs vignes. Pourquoi ? Parce qu’une chauve-souris peut manger des centaines d’insectes par nuit ! Une méthode écologique et redoutablement efficace contre les ravageurs.
  • Les huiles essentielles et décoctions : certaines exploitations utilisent aussi des solutions naturelles pour protéger la vigne. Les pulvérisations de décoctions, comme celles à base de prêle, d’ortie ou d’ail, aident à prévenir les maladies.

Favoriser des cépages résistants

En Bretagne, les variétés de vignes sélectionnées pour les parcelles bio sont souvent des cépages résistants aux maladies comme le mildiou ou l’oïdium. On trouve par exemple des cépages hybrides comme le solar ou le floréal, qui nécessitent moins de traitements, même en bio. Ces cépages permettent aux viticulteurs bretons de produire des vins sans mettre en danger la santé de la vigne ni celle des consommateurs.

Le rôle clé du climat breton

La Bretagne bénéficie d’un climat océanique tempéré, avec des hivers doux et des étés assez frais. Si cela peut sembler un défi pour la viticulture (moins d’ensoleillement que dans le sud de la France, par exemple), cela réduit aussi la pression de certaines maladies comme celles favorisées par la sécheresse.

Cependant, une vigilance constante est nécessaire face à l’humidité, qui peut favoriser le développement de champignons. C’est pourquoi les viticulteurs bretons surveillent attentivement la ventilation naturelle des parcelles et optent pour des tailles adaptées pour limiter les risques.

La certification bio comme moteur

En optant pour une viticulture biologique, les viticulteurs bretons s’engagent à respecter un cahier des charges strict, interdit d’utiliser des produits de synthèse. En 2023, près de 80 % des vignobles bretons en production sont certifiés biologiques, un chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale.

Au-delà de la labellisation AB, certains domaines vont encore plus loin, en se tournant vers la biodynamie (inspirée des principes de Rudolf Steiner) ou les certifications Nature & Progrès. Une dynamique qui témoigne d’un engagement sincère en faveur de la durabilité.

Des exemples inspirants à déguster

Impossible de clore cet article sans t’évoquer des exemples concrets de ces viticulteurs qui font rimer tradition et innovation :

  • Domaine de Kervéguen (Morbihan) : spécialisé dans les vins pétillants naturels, ce domaine mise sur des pratiques biodynamiques pour cultiver ses vignes près de la mer.
  • Domaine du Bout du Monde (Finistère) : un projet audacieux qui assemble cépages typiquement bretons et techniques modernes pour produire de magnifiques vins blancs.
  • Vignoble du Pays Nantais : ici, on conjugue respect du terroir et innovations, avec l’utilisation d’engrais uniquement organiques et des techniques de lutte intégrée.

Et toi, prêt à découvrir ces vins sans pesticides chimiques ?

Les viticulteurs bretons innovent pour montrer qu’un autre modèle de viticulture est possible : respectueux de l’environnement, sain pour les consommateurs et incroyablement passionnant pour les amateurs de vin. Alors, la prochaine fois que tu trinqueras en terre bretonne, pense à tout ce travail qui se cache derrière ces bouteilles. Santé, ou comme on dit ici, yec’hed mat !

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