Les vignobles bretons : d’une tradition oubliée à un renouveau bio et engagé

15/02/2025

Un passé viticole méconnu : quand la Bretagne produisait son propre vin

Il y a bien longtemps, la Bretagne n’était pas seulement la terre du cidre et du chouchen. La viticulture y était bel et bien présente, et son histoire remonte à plus de 1 000 ans.

À partir du Moyen Âge, les vignobles bretons se développent autour des vallées, principalement le long de la Loire et de la Vilaine, là où les conditions climatiques étaient plus douces. À cette époque, la Bretagne profitait de son statut de duché indépendant et commerçait activement ses vins avec l’Angleterre et les ports du nord de l’Europe. Ces exportations étaient facilitées par la proximité maritime, un atout géographique important.

Les cépages ? Ils étaient variés, mais les recherches historiques suggèrent que des variétés comme le chenin ou le gros plant étaient cultivées, car elles s’adaptaient bien aux sols argilo-calcaires et aux étés doux. On dit même que certaines parcelles étaient plantées près de monastères, car les abbés jouaient souvent un rôle clé dans l’entretien des vignes et la production du vin destiné aux offices religieux.

Alors, pourquoi les vignobles bretons ont-ils quasiment disparu ? La réponse est multiple :

  • La Bretagne a progressivement été annexée au royaume de France en 1532. En conséquence, les taxes sur le commerce du vin avec l’Angleterre sont devenues trop élevées.
  • Le climat a commencé à refroidir avec ce qu’on appelle le « petit âge glaciaire », rendant la viticulture de plus en plus difficile.
  • La révolution industrielle et l’expansion des villes ont fini par reléguer la culture de la vigne au second plan, au profit de cultures plus adaptées au climat breton comme les pommiers pour le cidre.

Au début du XXe siècle, la viticulture en Bretagne était quasiment inexistante, enterrée sous le poids de ces changements historiques et climatiques.

Les vignobles bretons aujourd’hui : une renaissance sous le signe du bio

C’est avec la fin du XXe siècle que la Bretagne a vu ses vignes réapparaître doucement… mais sûrement. Grâce à des passionnés désireux de remettre au goût du jour ce pan oublié du patrimoine breton, les premiers hectares ont été replantés. Aujourd’hui, le renouveau viticole breton se distingue par un fort engagement dans la viticulture biologique et biodynamique. Mais qu’est-ce qui a changé par rapport aux vignobles historiques ?

Des cépages adaptés à un climat toujours en évolution

Les vignerons bretons d’aujourd’hui n’ont pas choisi de replanter les cépages historiques du Moyen Âge. En effet, le réchauffement climatique permet de cultiver des cépages plus variés et parfois délaissés pendant des siècles. Parmi eux :

  • Le sauvignon gris, un cépage discret mais qui donne des vins secs et fruités, parfaits pour accompagner les huîtres bretonnes.
  • Le pinot noir, une variété noble qui s’acclimate étonnamment bien au terroir breton actuel.
  • Le inter Cépage Floréal, une nouvelle star parmi les cépages résistants, choisie pour sa robustesse face aux maladies comme le mildiou.

Ces cépages modernes permettent de produire des vins bien équilibrés, souvent marqués par une acidité rafraîchissante et des arômes de fruits rouges ou d’agrumes, typiques des terroirs aux climats tempérés.

Des pratiques viticoles profondément respectueuses de l’environnement

Un autre élément différenciant entre les vignobles bretons d’hier et d’aujourd’hui est l’engagement écologique. Contrairement à leurs ancêtres, les vignerons modernes sont souvent moteurs dans la transition bio et biodynamique. Ils utilisent :

  • Des intrants naturels comme des tisanes de plantes pour renforcer la santé des vignes.
  • La plantation de haies et la préservation de la faune pour maintenir l’équilibre écologique autour des parcelles.
  • Une adaptation des pratiques à la météo changeante, avec toujours moins de recours aux traitements chimiques.

Un exemple emblématique est celui du domaine Montgilet, à quelques pas de Rennes, où l’on expérimente même des techniques inspirées de la permaculture sur les nouvelles plantations.

Un retour au cœur des terroirs

Les vignobles d’aujourd’hui ne se contentent pas d’être bio : ils cherchent aussi à mettre en avant ce que le terroir breton a d’unique à offrir. Les sols granitiques, parfois ponctués de schistes, confèrent aux vins une authenticité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Et les paysages qui entourent ces vignobles – parfois en bord des estuaires ou face à l’Atlantique – créent une signature aromatique particulière, presque saline, dans certains blancs ou pétillants locaux.

Enfin, l’expérience autour du vin a aussi changé. Les vignobles bretons actuels offrent souvent des dégustations, des ateliers pédagogiques sur la viticulture durable, et accueillent un public curieux de mettre un pied dans cet univers fascinant qu’est la renaissance d’un vignoble oublié.

Une aventure sensorielle et engagée à poursuivre

Les vins bretons d’aujourd’hui ne sont pas seulement une redécouverte historique, mais une preuve vivante qu’il est possible de créer une agriculture innovante et respectueuse dans une région au climat exigeant. Ce sont aussi des bouteilles à partager : autour d’un plateau de fruits de mer bien sûr, mais pourquoi pas avec des galettes de blé noir, pour un accord 100 % breton ?

Alors, prêt à explorer cette facette méconnue de la Bretagne ? Que tu sois amateur ou néophyte, une chose est sûre : déguster un vin breton bio, c’est participer à l’histoire d’une renaissance unique. Santé et à bientôt sur les terres (et les vignes) bretonnes pour une bonne gorgée de terroir !

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