Quand les vignes s’enracinent en terre bretonne : une agriculture en mouvement
22/02/2025
Un contexte agricole breton unique
Avant de plonger dans la question viticole, il est essentiel de comprendre le contexte agricole breton. La Bretagne est historiquement une terre agricole prospère, mais principalement axée sur l’élevage, le maraîchage et, bien sûr, la production de pommes à cidre. Ses terres, riches mais parfois humides, semblent a priori peu propices à la culture de la vigne, une plante qui préfère des sols bien drainés et des climats plus secs.
Cependant, le réchauffement climatique change progressivement la donne : des zones qui étaient autrefois trop fraîches pour la vigne commencent à devenir adaptées. Et ce n’est pas tout : certaines expérimentations viticoles ont montré qu’en choisissant des cépages résistants ou en adoptant des pratiques viticoles adaptées, la vigne peut parfaitement s’épanouir sur des terroirs bretons.
Le renouveau d’une tradition oubliée
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la viticulture en Bretagne n’est pas une idée neuve sortie de nulle part. Jusqu’au Moyen Âge, et même au-delà, la vigne était cultivée principalement autour des abbayes où elle servait surtout à produire du vin pour la messe. À Vannes, Nantes (alors capitale du duché de Bretagne), ou encore Saint-Malo, des vestiges attestent qu'on produisait du vin dans la région. Cependant, l’importation massive de vins de la Vallée de la Loire et du Bordelais, plus abordables et de meilleure qualité, a peu à peu relégué la viticulture bretonne à un rôle très marginal.
Cependant, depuis une dizaine d’années, des passionnés relèvent le défi ! Avec une conviction commune : produire peu, mais produire bien. Les vins issus de cette renaissance bretonne sont le fruit du respect de l’environnement et de la richesse du terroir local.
La viticulture bio : un pilier de l’agriculture bretonne
Si la Bretagne s’illustre encore modestement dans la production de vin, elle se distingue déjà par son engagement fort en faveur de l’agriculture biologique. Selon l’Agence Bio, la Bretagne compte parmi les régions françaises ayant la plus forte croissance dans le secteur bio. En 2020, près de 12% des exploitations agricoles de la région étaient conduites en bio, soit une progression de 133% depuis 2010 !
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que la viticulture bretonne prenne elle aussi le parti du bio. Les pionniers de la vigne en terres bretonnes optent généralement pour des pratiques naturelles et respectueuses de l’environnement. Ils minimisent les intrants chimiques, privilégient les cépages peu vulnérables aux maladies et misent sur des sols vivants où la biodiversité est reine. Certaines initiatives vont même plus loin, en adoptant une approche biodynamique, qui s’intéresse à l’équilibre global de l’écosystème viticole.
Quels cépages pour une vigne bretonne ?
La question des cépages est centrale pour la viticulture bretonne. Oubliez les classiques chardonnay et cabernet sauvignon : ici, on privilégie des variétés moins exigeantes, capables de résister aux conditions climatiques locales. Parmi les cépages les plus utilisés, citons :
- Le chenin blanc : ce cépage emblématique de la Vallée de la Loire s’adapte parfaitement à la douceur bretonne, donnant des vins blancs frais, vifs et aromatiques.
- Le muscadet : naturellement associé au Pays nantais, il trouve une continuité logique en Bretagne, offrant des vins minéraux et iodés, parfaits pour accompagner une assiette de fruits de mer.
- Des cépages résistants : de nouvelles variétés, comme le solaris ou le regent, ont été introduites en Bretagne. Particulièrement résistants aux maladies fongiques, ces cépages permettent de réduire au minimum l’usage de traitements.
Des initiatives locales à saluer
Qui sont ceux qui portent haut le flambeau de la viticulture bretonne ? Plusieurs domaines méritent notre attention :
- Le Domaine du Puits Bérard : installé dans le Morbihan, ce vignoble familial cultive la vigne depuis près de dix ans, avec une approche résolument biologique et artisanale.
- Les Vignes de la Côte d’Emeraude : à quelques kilomètres de Saint-Malo, on produit ici du vin blanc qui ravit les amateurs de fraîcheur et d’originalité.
- Le Jardin d’Edouard : à Questembert, ce vignoble mise sur des micro-cuvées très qualitatives, en travaillant exclusivement en bio.
La viticulture bretonne : une chance pour le territoire
Au-delà de l’aspect qualitatif de ses vins, cette nouvelle viticulture bretonne participe au dynamisme économique et touristique de la région. Sur des terres parfois en friche ou peu exploitées, la vigne offre une nouvelle opportunité de valorisation agricole, tout en attirant une clientèle de plus en plus curieuse de découvrir les vins locaux.
Elle contribue également à renforcer l’image d’une Bretagne innovante, durable et fière de ses terroirs. Le vin devient ici un complément à l’identité gastronomique régionale, déjà largement reconnue grâce aux cidres, bières artisanales, galettes de blé noir et autres spécialités bretonnes.
Et si on allait goûter ?
Maintenant que tu connais un peu mieux le pourquoi et le comment de cette aventure viticole bretonne, il ne te reste plus qu’une chose à faire : partir à la rencontre de ces vignerons passionnés et déguster leurs créations. Que tu sois de passage en Bretagne ou breton.ne toi-même en quête de découvertes, je te garantis que la conclusion se fera toujours sur une note joyeuse et savoureuse. Santé, ou plutôt, yec’hed mat, comme on dit ici !